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Subject13 2015-05-29 05-12-09-13

Les plates-formes de crowdfunding constituent le nouvel Eldorado de l’industrie vidéoludique. Une terre de liberté, pleine d’opportunités, où les développeurs peuvent amasser des sommes colossales sur la base d’une seule idée intéressante et bien exploitée. Une occasion en or pour les jeunes talents de briller et de recevoir l’appui des joueurs sans avoir à passer par un éditeur trop gourmand ou capricieux. Le financement participatif représente aussi une chance inespérée pour d’anciennes gloires du jeu vidéo de revenir sur le devant de la scène en capitalisant sur leur expérience, leur prestige mais aussi et surtout sur l’enthousiasme excessif de donateurs un peu trop zélés.

Ainsi, lorsque le dernier projet en date de Paul Cuisset, créateur du mythique Flashback, débarqua en fanfare sur Kickstarter le 9 juillet 2014 avec ses promesses d’aventure à l’ancienne et d’histoire captivante, la réponse des trentenaires nostalgiques ne se fit pas attendre. Ces derniers, aveuglés par l’éclat des titres d’antan, ont malheureusement tendance à oublier que si le jeu vidéo a changé, c’est avant tout par ce que les attentes des joueurs ne sont plus les mêmes. Retour sur Subject 13, un soft dépassé par son époque et qui aura bien du mal à y trouver sa place.

Un extincteur à moins de 50 centimètres des lits superposés? Parfait pour exterminer les punaises!

Un extincteur à moins de 50 centimètres des lits superposés? Parfait pour exterminer les punaises!

Ton nom n’a aucune importance. Ton histoire non plus d’ailleurs.

Fraîchement atterrit sur Steam (PC, Mac et Linux) le 28 mai dernier, Subject 13 est un jeu d’aventure en 3D centré sur le personnage de Franklin Fargo, un physicien traumatisé par la mort de sa compagne, qui en tentant de mettre fin à ses jours se retrouve téléporté à l’intérieur d’un laboratoire désert où une voie énigmatique, le désignant comme le sujet N°13, va le confronter à de multiples épreuves pour des raisons tout aussi obscures.

Ce prologue mystérieux et efficace laissait augurer une montée en puissance de l’intrigue, laquelle s’avère hélas avoir autant d’impact qu’un bon gros pétard mouillé. La narration, pourtant cruciale dans ce type de production, est ici poussive et limitée à quelques dialogues creux que le joueur pourra toujours compléter via l’obtention de journaux digitaux relatant des faits antérieurs au récit.

Toute la prestance du personnage principal résumée en une image.

Toute la prestance du personnage principal résumée en une image.

Le casting extrêmement réduit couplé à un personnage principal aussi charismatique qu’un junkie hagard et famélique, achève de plomber définitivement l’histoire du titre , lequel peut néanmoins se reposer sur des mécaniques de jeu rodées pour tenter de remonter à la surface.

La clé pour avancer, c’est de regarder les choses sous un autre angle!

Subject 13 se présente sous la forme d’un point-and-click divisé en 4 chapitres où le joueur peut se déplacer librement à l’intérieur de décors fixes tout en influant partiellement sur la caméra ce qui permet de révéler des zones ou bien des éléments cachés. Ces derniers peuvent ensuite être analysés sous toutes les coutures dans le menu où ils peuvent être combinés avec d’autres objets afin de débloquer certaines situations. Un gameplay extrêmement simple mais tout aussi efficace, bien connu des amateurs du genre, et qui bénéficie de plus d’une interface épurée.

Une interface claire et minimaliste n'est jamais une mauvaise chose.

Une interface claire et minimaliste n’est jamais une mauvaise chose.

En bas à gauche de l’écran se trouve la liste complète de l’inventaire, en haut à droite trois icônes. La première concerne les options et la seconde recense tous les témoignages récoltés jusqu’à présent. Quant à la troisième, il s’agit d’une aide facultative distribuant à ceux et celles dans le besoin des indices sur la marche à suivre pour progresser. Une excellente idée à même de désamorcer la frustration des plus impatients sans gâcher le plaisir des détectives en herbe.

Plus Angus MacGyver que Rincevent.

Les énigmes, autre point essentiel d’un jeu d’aventure, sont bien présentes et constituent l’attrait majeur du titre de Paul Cuisset. D’une difficulté progressive, ces phases de casse-tête n’ont rien d’insurmontable dès lors que le joueur procède avec raison. Si la solution paraît parfois hors d’atteinte, elle n’en demeure pas moins toujours logique et donc accessible à un esprit cartésien, qu’il s’agisse de magnétiser une aiguille, de résoudre un puzzle à l’aide d’une algèbre pseudo maya complètement farfelue ou bien encore de faire déguerpir un ours un peu trop envahissant.

Chanel + Piment = Bombe  au poivre! Tout le monde sait ça.

Chanel + Piment = Bombe au poivre! Tout le monde sait ça.

L’ensemble est suffisamment bien conçu pour faire cogiter le tout-venant, lui procurant ainsi satisfaction et fierté quand enfin ses méninges triomphent! À noter toutefois une petite baisse de régime lors de l’ultime chapitre dont le dernier rébus en particulier trahit un manque flagrant d’imagination.

Fade to Black

La durée de vie n’a jamais été le point fort d’un jeu d’aventure. Subject 13 ne fait pas exception à la règle, il en est même l’illustration parfaite puisque 8 heures à peine suffisent à le boucler la première fois. Le soft n’est guère mieux loti en terme de rejouabilité, les quelques choix proposés durant l’histoire n’ayant aucun impact réel sur son dénouement. Quant aux différents témoignages à collecter, il est difficile de manquer même les mieux dissimulés.

"Sérieusement Franklin, t'as vraiment besoin d'un objet pour ouvrir ça?"

“Sérieusement Franklin, t’as vraiment besoin d’un objet pour ouvrir ça?”

À cela s’ajoute l’apparence visuelle du jeu, au mieux convenable, au pire dépassée, qui n’encourage pas réellement à explorer de nouveau son univers. L’estocade prend la forme de certains bugs non corrigés, à l’image de celui de la bougie qui oblige sous certaines conditions à refaire l’intégralité du chapitre 2, lesquels ne permettent pas au titre de se maintenir à flot.

Darwinisme vidéoludique

Paul Cuisset, assisté dans son entreprise par le studio Microïds, accouche avec Subject 13 d’une oeuvre passionnelle mais trop rétrograde pour être appréciée par le plus grand nombre. Son côté désuet, lequel est plus dû à un manque de finition qu’à un quelconque effet de style, et son gameplay efficace charmeront probablement une petite communauté de joueurs trop enamourés ou désespérés pour faire la fine bouche. Les autres lui préféreront sans doute les productions de Telltale, Pendulo Studios ou bien encore Quantic Dream mieux rythmées, mieux scénarisées et tout simplement mieux ancrées dans l’air du temps.

Review

ProsCons
- Énigmes logiques et bien ficelées
- Difficulté croissante
- Mécanique de jeu attrayante
- Agréable à parcourir pour ceux qui aiment prendre leur temps...
- Gros capital sympathie dû à son côté nostalgique
- Personnage principal insipide
- Scénario relégué au second plan
- Conclusion expédiée à la va-vite
- ... soporifique pour tous les autres
- Techniquement à la ramasse
- Certains bugs subsistent
- Faible durée de vie (rejouabilité quasi nulle, pas de contenu supplémentaire)
- Prix conséquent au vu de ses défauts (19,99 euros, 12,99 euros jusqu'au 4 juin inclus)
Rating
50%

Trailer de Subject 13

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